L’oiseau et la pierre…

L’oiseau s’est posé sur la pierre, devant moi, au petit matin.

Avec ces petites pattes comme deux allumettes, sur le roc.

La pierre est solide, stable, forte, immuable.

Et n’est-ce pas aussi notre rêve secret :

être solide, stable, fort, immuable.

Et si souvent nous nous lamentons que nos Églises

ne soient pas plus solides, stables, fortes, immuables.

Mais ce matin, l’oiseau (était-ce un rouge- queue ?)

s’est posé sur la pierre.

Elle est solide, stable, forte, immuable.

Mais elle est morte.

L’oiseau est si fragile, si petit, si vulnérable, si dérisoire.

Mais il est vivant.

Parabole pour notre foi, notre vie :

et si nous apprenions à être des vivants,

et non de vouloir être comme des rochers ?

A savoir être fragiles, petits, vulnérables, dérisoires,

mais vivant.

Et si nous réapprenions à vivre en église

de cette manière là, à cette mesure là ?

Alors nous pourrons ouvrir nos ailes au vent de la Grâce,

«dans le terreau de notre fragilité enfin reconnue ».

Et vivre de cette seule Grâce.

J.F. Breyne

Coulisses de l’opération « Couronnes de l’Avent »

Un grand merci à toutes celles et ceux qui ont participé à l’opération « couronnes de l’Avent » : toute proportion gardée, c’est un petit succès avec 30 exemplaires préparés et vendus.

Il faut ici remercier les « petites mains habiles » qui les ont réalisées : Eveline, Marie-France, Barbora et sa fille Apolena.

Merci aussi à Laurence qui a assuré dans le froid la récupération des couronnes depuis le coffre de la voiture.

Bravo à vous !

La boussole (2)

Une méditation précieuse en ces temps de crise, proposée par la Fédération de l’Entraide Protestante.

« Préparer ? Annuler ? Reporter ? Imaginer ?

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https://fep.asso.fr/wp-content/uploads/2020/10/FEP-La-Boussole-N28.pdf

La Fédération de l'Entraide Protestante - Fréquence Protestante

Mini vidéo : Comme un cerf altéré brâme… Psaume 42

Par le pasteur Jean-François Breyne.

Texte de Théodore de Bèze de 1562

I. Dans sa course inassouvie, Le cerf brâme au loin des eaux,

O Seigneur, ainsi ma vie, Partout cherche tes ruisseaux.

Elle a soif du Dieu vivant Et s’écrie en le suivant :

O mon Dieu, quand donc sera-ce Que mes yeux verront ta face ?

II. Mon seul pain, ce sont mes larmes Nuit et jour en chaque lieu ;

On se rit de mes alarmes, On me dit : Que fait ton Dieu ?

Je regrette la saison Où j’allais en ta maison,

Dans cantiques plein la tête, Au milieu du peuple en fête.

III. Mais quel chagrin te dévore ? Mon âme, rassure-toi ;

Espère en Dieu car encore, Il sera loué de moi,

Quand d’un regard seulement Il guérira ton tourment

O mon Dieu, je sens mon âme Qui d’un grand désir s’enflamme.

Pour écouter la version actuelle (texte révisé par Roger Chapal en 1970) :

Version du Psautier œcuménique :

02 Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu.

03 Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ?

04 Je n’ai d’autre pain que mes larmes, le jour, la nuit, moi qui chaque jour entends dire :

« Où est-il ton Dieu ? »

05 Je me souviens, et mon âme déborde : en ce temps-là, je franchissais les portails ! Je conduisais vers la maison de mon Dieu la multitude en fête, parmi les cris de joie et les actions de grâce.

06 Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu !

07 Si mon âme se désole, je me souviens de toi, depuis les terres du Jourdain et de l’Hermon, depuis mon humble montagne.

08 L’abîme appelant l’abîme à la voix de tes cataractes, la masse de tes flots et de tes vagues a passé sur moi.

09 Au long du jour, le Seigneur m’envoie son amour ; et la nuit, son chant est avec moi, prière au Dieu de ma vie.

10 Je dirai à Dieu, mon rocher : « Pourquoi m’oublies-tu ? Pourquoi vais-je assombri, pressé par l’ennemi ? »

11 Outragé par mes adversaires, je suis meurtri jusqu’aux os, moi qui chaque jour entends dire : « Où est-il ton Dieu ? »

12 Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu !

Se placer devant Toi

Se placer

simplement devant Toi, Seigneur.

Déposer le cœur à découvert,

l’émotion, les questions, la colère.

Se laisser juste regarder,

embrassé par ton regard de tendresse.

Se placer et accueillir la grâce de cette journée

comme un défi à la folie du monde,

Se placer dans ton amour et ton pardon

comme une résistance à la hargne et à la haine,

Se placer en confiance, devant Toi,

c’est notre arme devant la peur,

Se placer dans la vie que tu offres

humblement,

c’est le crayon de notre liberté.

Se placer dans ta présence,

pour que ton amour transfigure nos traits,

les dessine à ta ressemblance.

Cela seul suffit.

Cela suffira pour vivre aujourd’hui,

apaiser les larmes… Et envisager demain.

Amen.

Pasteure Anne HEIMERDINGER


in Vivre, prier & méditer, Editions Olivétan, p. 124.

Le rôle des femmes à l’aube du christianisme

Mini vidéo à ne pas manquer,

Par Mme Roselyne Dupont-Roc, Exégète,

Codirectrice de l’encyclopédie « Après Jésus », l’invention du Christianisme, Chez Albin Michel

Transmettre, c’est jardiner !

Le magazine paroissial « Le FILET de PIERRE » de la paroisse catholique St Pierre du Gros Caillou, notre voisine, m’avait demandé : « Comment, dans votre vocation de Pasteur et en même temps dans votre rôle d’époux et de père, la transmission est-elle moteur de votre mission ? ».

Voilà ma réponse :

Transmission, donc ! Mais qu’est-ce que transmettre ?

On peut transmettre des contenus, des grands principes. Comme on peut apprendre à nager ou à faire du vélo à ses enfants.

Mais peut-on transmettre la foi ? En fait, je ne le crois pas. La foi est une ouverture du cœur, elle est fondamentalement une relation, une fiance, une confiance en un Autre qui vient à notre rencontre, une expérience. Serait-ce à dire qu’il n’y a rien à faire, rien à transmettre ? Non, bien sûr que non. Ce que nous pouvons faire, c’est d’abord témoigner de ce que nous vivons de cette relation. Que quelque chose nous précède. Nous relie. Ensuite, enseigner !

Non pas tant une identité (car notre identité chrétienne, n’est-ce pas celle de l’universelle ?) que d’enseigner d’abord à traduire, à interpréter ; car la transmission ne doit pas être une répétition, mais une traduction, une interprétation sans cesse actualisée. Il me semble que « le désir de transmettre doit toujours laisser à l’autre la possibilité d’être différent ».

Et ensuite enseigner ce qui peut rentre plus facile cette rencontre. Et je me demande si transmettre n’est pas de l’ordre de partager un travail de débroussaillage vers l’essentiel, de l’apprentissage d’un jardinage intérieur, afin que le grain tombé en terre puisse lever dans nos existences ? Et si transmettre, c’était apprendre à accueillir la grâce qui vient dans nos vies ?

Pasteur J-F Breyne

La prière de Voltaire

CHAPITRE XXIII : PRIÈRE À DIEU

Ce n’est plus aux hommes que je m’adresse; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature; que ces erreurs ne fassent point nos calamités.

Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr,et des mains pour nous égorger; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution;

que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ;

que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ;

qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir.

Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible.

Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers,depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.

in Traité sur la tolérance, Flammarion, 1989, p. 141-142

La boussole (1)

Une méditation précieuse en ces temps de crise, proposée par la Fédération de l’Entraide Protestante.

« Comment accepter l’autre dans ses réactions différentes devant le confinement ? »

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#27 Avec nos rapports au risque différents, comment faire équipe ?

La Fédération de l'Entraide Protestante - Fréquence Protestante

la nuit tombe…

mais il nous est donné de Risquer la lumière !

Nous sommes, dit admirablement Francine Carillo, « conviés à vivre l’ordinaire en pèlerins de lumière » (Vers l’inépuisable, p. 93) !

Et cela depuis que le Fils de l’Homme, au début de son enseignement, nous confia cette incroyable promesse : « Vous êtes la lumière du monde ». Pourtant, n’est-ce pas nous qui, en premier, avons besoin de lumière pour guider nos pas ? Où que nous tournions le regard, ne découvrons-nous pas partout larmes, désastres, lorsque ce n’est pas déchaînement de haine, violence absurde et imbécile ? Citons les massacre dans les églises et dans les rues, la désespérance économique et politique, les sentiments généralisés d’impuissance devant la pandémie…

Nous sommes si souvent dans les ténèbres… Oui mais voilà, fort heureusement, ce n’est pas nous qui sommes la source de la lumière. L’Evangile lui-même le déclare : sur ceux qui étaient assis dans le pays, dans l’ombre de la mort, une lumière s’est levée (Matth. 4, 16).

La lumière, c’est le Fils de l’homme lui-même, c’est sa parole venue illuminer le monde, l’embraser de beauté. Nous, nous ne sommes que des réflecteurs.

Rien que cela, mais tout cela.

Voilà notre humaine vocation : risquer la lumière, fusse au sein des ténèbres les plus impénétrables. Je dis risquer car, être lumière, ça se risque.

Dans le texte de Matthieu (5, verset 15) le mot traduit par boisseau, signifie aussi littéralement en grec l’armoire où l’on rangeait le grain, la semence. Comme pour nous dire : la lumière, cela ne s’enferme pas dans un coffre-fort. Cela se risque, pour illuminer ceux qui habitent l’ombre de la mort. Comme la vie se risque, comme la parole se risque, pour qu’elle vive et fasse vivre. Comme la fragilité, comme la beauté se risquent.

Et Maurice Bellet de s’écrier :

« … la grande affaire, l’unique affaire est que le chemin ne se perde pas dans la ténèbre, que se lève, au cœur même de la nuit, la lumière irrépressible que rien ne détruira ».

(Dieu, personne de l’a jamais vu, Albin Michel, p. 72).

Jean-François BREYNE