de la pasteure Marie-Pierre Cournot
Prédication 23 mai 2021 Pentecôte – Actes 2,1-11 – Saint Jean –
Avant de parler du Saint-Esprit, ou de l’Esprit-Saint – c’est un synonyme –, quelques mots de la fête de Pentecôte que nous célébrons aujourd’hui.
Ils sont tous réunis en un même lieu, dans la maison, pour célébrer la fête juive de la Pentecôte, aussi appelée fête des Semaines ou, en hébreu, Shavouot.
À l’époque de Jésus, c’est une des trois fêtes de pèlerinage : tous les Juifs qui le peuvent, d’où qu’ils viennent, doivent se déplacer au temple de Jérusalem, cinquante jours après Pâques, pour célébrer le début de la moisson du blé.
Traditionnellement, les juifs lisent pour cette fête le livre de Ruth, dans lequel l’environnement agricole est très présent, toute l’intrigue s’y passe entre la moisson de l’orge et celle du blé.
Ruth c’est cette femme étrangère, du pays de Moab, qui quitte tout pour épouser, au sens propre, la culture juive, sa langue, son Dieu.
Grâce à elle, la lignée interrompue des patriarches pourra reprendre, de générations en générations, être fructueuse comme la moisson, devenir royale et donner naissance au grand roi David puis se poursuivre jusqu’à engendrer Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus.
Plus tard, après l’époque de nos évangiles et du livre des Actes des apôtres, Shavouot devient la fête du don de la Torah par Dieu au peuple hébreu dans le Sinaï, en témoignage de son alliance avec eux.
La Torah, les cinq premiers livres de notre Ancien Testament que les chrétiens appellent le Pentateuque.
Ce jour-là est donc à plusieurs titres, un grand jour, celui de l’ouverture de l’impasse par l’étrangère qui sauve et permet la continuité de l’alliance, celui où Dieu partage avec les êtres humains les fondements d’une identité croyante à construire.
Ils sont réunis dans la maison. On ne sait pas qui ils sont.
D’après la scène précédente, on peut penser que ce sont les douze disciples, mais rien ne le dit explicitement.
Et il est tout à fait permis de penser que cette effusion d’esprit saint qui va se produire, est aussi pour nous tous et toutes, que ce jour-là se poursuit à travers chaque jour dans l’Église : à chaque baptême, à chaque prédication, à chaque bénédiction, à chaque Sainte-Cène, nous recevons le Saint-Esprit.
Nous voilà arrivés au Saint-Esprit.
Regardons d’abord du côté du grec, puisque c’est la langue dans laquelle est écrit ce livre des actes des apôtres, dans lequel nous avons lu ce matin ce texte.
Le mot grec pour esprit, « pneuma », se retrouve dans « pneumatique », pour dire tout l’air qui est dedans.
L’esprit, c’est donc l’air, le vent, le souffle.
Le Saint-Esprit c’est le souffle de Dieu.
Ce souffle de Dieu est très présent dans la Bible.
Tournons-nous vers l’Ancien Testament.
Les premiers versets de l’Ancien Testament, au tout début de la création nous disent que « le souffle de Dieu tournoyait au-dessus des eaux ».
Quelques versets plus loin, pour donner vie à l’être humain qu’il vient de fabriquer avec de la poussière, « Dieu lui insuffla dans les narines un souffle de vie ».
Ce souffle de Dieu, ce Saint-Esprit est force de création et puissance de vie.
Il fait entrer la respiration de Dieu au sein même de la création et de l’être humain pour que notre vie soit rythmée par l’inspir et l’expir divins et que nous vivions au diapason de ce halètement sans fin.
Ce souffle de Dieu, Jésus l’a promis avant de mourir. Il a dit que cet esprit le remplacerait pour être à nos côtés. À chacun, chacune de nous Dieu le donne, il n’y a pas de pistonnés ou de mieux approvisionnés.
Nous sommes comme baignés par cet esprit.
C’est l’expression de l’alliance de Dieu, déjà exprimée dans le don de la thora au mont Sinaï puis dans l’eau du baptême.
Cette eau qui a baigné Samy tout à l’heure et dont nous avons fait mémoire pour la confirmation de Romain.
D’après le récit des Actes des apôtres, le Saint-Esprit permet une avancée phénoménale, parler dans toutes les langues connues à l’époque.
Ce souffle projette les disciples loin de chez eux, au-devant de tous les étrangers. Comme Ruth cette habitante du pays de Moab qui part trouver sa voie au pays des Hébreux et leur ouvre à eux la voie de l’avenir.
Et si nous étions ainsi poussés loin de nos bases, parlant toutes les langues, où irions-nous ?
Quelle direction donnerions-nous à cet élan, cette explosion qui nous propulserait hors de chez nous ?
La fête de Pentecôte redit aujourd’hui que nous sommes dans cet élan !
Quelle sera notre réponse à cette sollicitation ?
Peut-être pour se lancer, ne faut-il pas attendre de parler toutes les langues, d’ailleurs la plupart des langues que se sont mises à parler les disciples sont des langues maintenant mortes et elles ne nous serviraient pas à grand-chose !
Mais nous pouvons répondre présent en ouvrant en nous la voie vers l’étranger et l’inconnu dans des rencontres qui diront la force de création et la puissance de vie de Dieu, et celle de l’alliance que Jésus a scellée pour nous.
Cette alliance c’est à nous de la vivre, poussés par le souffle divin qui nous habite.
Aujourd’hui nous recevons une langue de feu, une parole qui nous convoque à inventer la fraternité, à aller la chercher en dehors de nos murs, loin, là où l’esprit-Saint nous donne encore rendez-vous.