humour et réflexion

 

Un petit texte de ma collègue Iris Reuter, avec son aimable autorisation…

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« Voir la vie en rose » ? Cette expression populaire n’est pas la bienvenue ces jours -ci ! On aurait plutôt envie de voir tout en gris….

Quelle qu’en soit la cause, notre humble intérêt pour les rouleaux de papier toilette a explosé depuis l’arrivée du coronavirus. Tous les pays confrontés au confinement voient leurs supermarchés vidés de ce bien précieux. Des vidéos circulent montrant des personnes qui se battent pour des paquets de papier toilettes.
Evidemment, ce phénomène attire les explications de toute sorte : le papier toilette est considéré comme un produit essentiel :  sans substitut, tout prêt, il est facile à stocker et ne se détériore pas. Il symbolise le contrôle face aux angoisses suscitées par une situation inédite telle que nous la vivons.
Dans un monde menaçant et une ambiance de méfiance des autres, se retirer dans un lieu isolé pour prendre soin de soi au plus intime serait apaisant.
Déjà l’apôtre Paul avait remarqué dans sa lettre aux chrétiens à Corinthe que nous entourons les parties de notre corps que nous estimons les moins honorables avec le plus grand soin, ces parties qu’on ne doit pas voir (1 Corinthiens 12, 23 et 24). Ces parties les moins visibles du corps font partie du corps en entier, où chaque membre est important, parce que le corps n’est pas une seule partie, mais multitude.

Aujourd’hui, une partie du « corps de la société »  devient invisible : chacun dans sa maison, les rues désertes, les magasins fermés etc. D’autres parties sont d’autant plus sollicitées, ils sont devenus le cœur dans la lutte contre la pandémie : personnel soignant en hôpital et à domicile (et d’ailleurs aussi le personnel non-soignant, qui s’occupe des autres tâches essentielles au fonctionnement), les pharmaciens, et bien d’autres encore qui sont dans la première ligne du combat contre le virus.

Plus que jamais l’humanité prend conscience qu’elle fait partie d’un grand ‘corps’ qui transcende même frontières et continents.

Alors ce temps peut être pour ceux et celles qui sont forcés de s’arrêter, une invitation à prendre soin de leur intériorité, de se mettre ‘en pause’ sans combler le vide par tout moyen, d’apprendre à habiter non seulement dans une maison confinée, mais aussi l’espace intérieur de son corps. Et puis, un temps de sensibilisation au lien avec l’autre : comment maintenir le lien avec l’autre, comment inventer d’autres moyens pour rester re-liés : dans l’Eglise, chacun peut appeler les autres, prendre des nouvelles, se soutenir, voir quels sont les besoins et quelles sont les solidarités possibles.

Cette période présente l’occasion de prendre du temps pour nous relier les uns aux autres par une solidarité visible (ou audible par les appels !) et une solidarité spirituelle, par l’Esprit, comme le souligne Paul tout au début de sa métaphore du corps. Plus que jamais la prière les uns pour les autres me semble une manière de rester en lien : avec les autres membres du corps de l’humanité, ce lien passe par Dieu qui écoute nos prières, tissées comme une grande toile à travers l’espace déserté de vie publique.

Jésus conseille de prier dans la pièce la plus retirée de la maison, à la porte fermée, pour ne pas faire de la prière un acte rituel et ostentatoire, mais une affaire de cœur dans le plus intime de nous-mêmes. La situation actuelle y est propice !

Pasteure Iris Reuter

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